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Reportage Le Jsl : Le bal des brancards la nuit

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Catégorie : Revue de presse
Créé le mardi 5 août 2014

urgencesRécit d’une nuit aux urgences, dans les pas d’Arnaud Vermeere, médecin urgentiste à l’Hôtel-Dieu depuis 2008.

« Je vous préviens tout de suite, la nuit va être agitée parce que la journée a été calme… et que j’ai la guigne ! » Du haut de son 1 m 95, Arnaud Vermeere passe un tiers de ses nuits à arpenter les couloirs des urgences, à raison d’une garde de 24 heures tous les cinq jours. Vendredi, à 20 h 30, il en avait fait la moitié.

 

Les transmissions d’information entre les équipes de jour et de nuit sont effectuées entre 20 h 30 et 21 heures. Après le passage de témoin, la machine à café se met à ronronner dans la salle de repos, où tout le monde se retrouve. « C’est comme une deuxième famille les urgences, livre un infirmier. Je nous trouve assez soudés malgré les difficultés que rencontre l’hôpital. » Des rires et des pleures résonnent encore entre les murs de l’étroite salle de repos.

urgeces

De 21 h 05 à 00 h 30

Un homme se présente pour une ablation de fils. « Venir à 21 heures pour se faire enlever des points, c’est typiquement un diagnostic qui ne relève pas du service des urgences », fait remarquer le Dr Vermeere. Pendant ce temps, une jeune fille est installée dans un boxe pour des douleurs abdominales. Un scanner plus tard, le risque d’appendicite est écarté. « La nuit est anxiogène, on est aussi là pour rassurer », explique l’urgentiste appelé dans la foulée pour une autre entrée, cette fois inquiétante : un homme d’une soixantaine d’années potentiellement allergique s’est fait piquer la langue par une guêpe. « L’allergie, c’est l’urgence numéro un car ça peut monter très vite », explique le médecin tout en sermonnant le fils qui a préféré emmener son père à l’hôpital plutôt qu’appeler le Smur. « Saviez-vous que la position allongée augmente le risque d’oedem ? » interroge fermement le praticien. À 22 heures, une femme se présente pour une infection urinaire aiguë, les examens faits dans la foulée révèlent que les reins sont touchés. À 22 h 15, une trentenaire arrive, pour la troisième fois de la semaine, pour une douleur abdominale. Mais l’infirmière lui fait tout de même un bilan sanguin. Pour l’urgentiste, « il faut toujours rester vigilant, on ne peut pas passer à côté de quelque chose de grave, même si tout porte à croire que ce n’est rien. » Un enfant est amené pour une plaie du cuir chevelu, puis une dame arrive pour une piqûre de guêpe… il y a trois jours. « Ah c’est toi nounours, ma fille a mal au ventre ! » Pascale connaît bien le personnel médical des urgences, pour y venir régulièrement pour sa fille de deux ans et demi. La petite devra revenir dans quelques jours pour être repesée. « Je préfère la revoir. Elle n’avait pas son carnet de santé aujourd’hui », souligne le Dr Vermeere. À 23 h 53, une dame arrive avec les cuisses brûlées à 10 %. Elle apportait la tisane après le barbecue. Une infirmière se charge du pansement. En même temps, un enfant est présenté pour des douleurs et du sang dans les selles. Plus grave, un homme arrive pour une douleur au thorax. Il semble avoir fait un infarctus il y a trois jours. Il restera en observation, toute la nuit, dans une salle d’accueil d’urgence vitale, à côté d’une diabétique de 26 ans arrivée dans un état de déshydratation poussé.

00 h 37

Une sirène retentit, le Smur doit se rendre à Écuisses pour un accouchement, finalement différé. À 1 h 50, une dame de 93 ans est gardée en observation, suite à une chute. Puis, c’est un couple d’une cinquantaine d’années, qui est tombé ensemble dans l’escalier. Les radios sont faites sur le champ.

De 3 h à 8 heures

L’équipe mange en cinq minutes chrono à 3 heurs, car il y a une nouvelle entrée pour une crise d’asthme. Le Dr Vermeere laisse le service au médecin interne, vers 4 h 15. Mais il se relèvera deux fois pour l’épauler dans la prise en charge d’une crise d’asthme et d’une crise d’épilepsie, une urticaire et une douleur à l’épaule. À 6 heures, les infirmières du matin prennent la relève.

La ronde des brancards ne s’est pas arrêtée de la nuit.

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