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Creusot-infos : Informations mais aussi indignations quant à l’avenir de l’Hôtel-Dieu
Les hypothèses sur l’avenir de l’Hôtel-Dieu sont trop « vides » pour les personnels. Sur l’une d’entre elles, ils voient « rouge ».
Le maire du Creusot, en l’occurrence président du Conseil d’administration de la Fondation Hôtel-Dieu, André Billardon allait donner des informations. Les personnels voulaient eux des explications. A l’appel des syndicats FO, CGT et CFE-CGC, la salle du Conseil n’était pas seulement occupée par les siégeants habituels ce jeudi. En début d’après-midi, plusieurs salarié(e)s de l’établissement ont suivi leurs représentants. « On veut savoir ce qu’il se trame », disaient-ils à l’entrée d’une réunion pour le moins particulière.
Leur première exigence : faire appeler et venir le directeur général de l’ARS Bourgogne, Christophe Lannelongue. « Nous voulons déjà que vous l’appeliez directement et qu’il se déplace... C’est lui qui organise les soins sur le territoire régional et il doit accepter de nous rencontrer dans une telle situation. Sommes-nous pas assez intelligents voire stupides !?! ». Au nom des personnels, Murat Berberoglu, délégué FO, exprimait là déjà une indignation, que le président du CA a voulu tempérer en recadrant le pourquoi de cette « réception ».
« Je suis évidemment très favorable à ce que le directeur de l’ARS vienne auprès de vous et cette demande est normale de votre part, mais ne vous trompez pas de personne. Laissez-moi vous parler de la situation et des hypothèses envisageables », a répondu André Billardon. En ajoutant pour écarter toute polémique : « Il y a bien longtemps que j’ai décidé de ne pas parler de ce qu’il se passe à Montceau. Les bruits et les rumeurs, ce n’est pas moi qui les fait courir... ».
Souhaitant alors se concentrer sur l’avenir de l’Hôtel-Dieu, le président du CA a assuré que le contrat de performance est préparé dans les temps, piloté par le directeur de la FHD, Philippe Bucheret, et suivi par l’ARS. L’Agence régionale de santé qui souligne « un travail utile et efficace », devant aboutir le 17 novembre prochain.
« Des problèmes sont relevés : une très faible hospitalisation pédiatrique, de l’ordre d’une occupation de seulement un tiers des lits, un bloc chirurgical, une identité forte ici, aux coûts trop élevés et qui nécessite une réorganisation ». André Billardon a aussi fait état devant les personnels d’une restructuration de l’Hôtel-Dieu à poursuivre, et d’un contrat qui pour être réalisé suppose des financements de l’Etat via l’ARS Bourgogne. « Pour qu’il n’y ait plus à dépendre des contraintes budgétaires dues chaque année à la situation financière de notre établissement, il faut trois ans d’accompagnement. La compensation des charges sociales et fiscales en raison de notre statut, nous en avons connaissance toujours tardivement. Elles sont estimées entre 2,2 et 2,5 millions d’euros par an. On sait aussi que l’ARS s’attend à une baisse de ses dotations par le ministère de la santé ».
pour les salariés
Aujourd’hui, le président du CA affirme quatre hypothèses pour répondre aux difficultés. Dans une interview qu’il nous a accordée dans la matinée et que nous avions choisie de publier simultanément aux informations données aux personnels, il expose notamment les quatre cas de figure, avec pour chacun les avantages et les inconvénients (lire notre article).
Très dubitatifs sur le fait qu’aucune hypothèse ne soit pour l’instant retenue, les salariés craignent que la quatrième option - « avancée par l’ARS » selon André Billardon - soit celle qui se profile, celle d’une reprise et surtout d’un Hôtel-Dieu qui deviendrait privé à but lucratif. « Cette hypothèse pourrait nous convenir », a admis André Billardon, mais « rien n’est fait ». Pas de nom cité mais des avantages posés : « Ça a le mérite d’exister... On se retrouverait dans un secteur qui peut investir et un repreneur qui pourrait amener des médecins. Toute l’activité est intéressante pour lui ».
Les salariés pensent au contraire que la voie est déjà balisée. « C’est même déjà signé si ça se trouve », a-t-on entendu dans une assemblée non convaincue par la teneur des propos du président du CA. André Billardon dit avoir simplement donné des informations à tous, en CME, en CE, en CA, par courrier prochainement à tous les personnels, et a répété : « Ce serait idiot de vous demander d’accepter un projet qui n’existe même pas. Je vous demande plutôt de peser chaque hypothèse mais aussi de croire, car c’est la vérité, que l’existence de l’Hôtel-Dieu n’est pas en cause ». Cela en confirmant notamment, à contre-courant des dernières rumeurs, que la maternité et les urgences, « essentielles pour la région du Creusot », seront préservées.
En tant que directeur de l’établissement sanitaire, Philippe Bucheret a quant à lui plaidé pour un avenir devant s’appuyer sur un projet médical : « S’il n’y a pas de projet médical, il n’y aura rien. Le programme MCO (médecine-chirurgie-obstétrique) établi doit être suivi et qu’on ne dise pas que nous n’avons rien fait, que je n’ai rien fait depuis trois à quatre mois dans le cadre du contrat de performance. Il y a là une responsabilité collective. Ne nous trompons pas d’objectifs et de schéma, sans faire un déni de réalité de nos difficultés financières. Je me suis engagé car j’y crois. Il y a des compétences, des équipes, des professionnels. Nous avons un projet à construire avec la Fondation Hôtel-Dieu ».
« Nous avons quand même perdu deux ans, voire bien plus »... Conscients qu’il faut se mettre au travail, les salariés ont dénoncé ce jeudi l’attentisme passé et préjudiciable selon eux des administrateurs lorsque le tribunal s’était prononcé pour la continuation d’activité.
« Il n’y avait pas eu de restructuration et on le ressent... », ont-ils rappelé au président du CA, en insistant que les mises en garde évoquées n’ont pas été prises en compte. Et en réfutant totalement l’idée d’un plan on l’a dit cette fois-ci à but lucratif, qui impliquerait forcément des licenciements, entre autres opérations pour résorber les déficits. Des efforts et des sacrifices, les personnels rappellent qu’ils en ont « assez faits ! ».
Après deux heures d’échanges, excédé par l’attitude des administrateurs interlocuteurs, Murat Berberoglu a haussé le ton. Pour dire que les salariés ne sont pas les responsables du constat et des dérives actuelles, pour fustiger aussi avec d'autres représentants des personnels de direction et des médecins ayant « profité d’une politique du tapis rouge qui a montré ses limites ».
« Nous venons obtenir des explications, et on ose nous demander de faire encore des efforts. A un moment, il faut que chacun reconnaisse ses erreurs... ». A défaut de quitter la salle du Conseil avec des réponses souhaitées, les salariés ont en tout cas affirmé qu’ils sont encore là... Ils « accueilleront » le directeur général de l’ARS Bourgogne le 29 octobre.
Alix BERTHIER